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Petit aperçu sur l’école et l’Inclusion scolaire au Salvador…

Depuis mi janvier a initié une nouvelle année scolaire au Salvador. Une nouvelle année scolaire est synonyme de nouveaux défis au niveau de l’inclusion scolaire des enfants et des jeunes en âges scolaires affiliés à l’association Los Angelitos.

Mais avant d’aborder ce défi qu’est l’inclusion scolaire, l’un des défis pour lesquels lutte l’association Los Angelitos, un petit aperçu sur l’école et son histoire dans les zones rurales au Salvador…

Durant la guerre civile, les communautés virent la nécessité d’enseigner la lecture et l’écriture aux enfants, et commencèrent à chercher les personnes qui savaient lire et écrire pour enseigner aux enfants, les nommant « maîtres populaires ». Ceux-ci avaient les arbres comme écoles, les pierres comme chaises, et leurs jambes comme tables. Il n’y avait pas de matériel didactique, afin de donner les cours d’une meilleure manière, cours qui étaient souvent interrompus par les opérations militaires dans la zone. Beaucoup de personnes qui étaient dévolues à cette tâche se virent menacées de mort par l’armée.

Encore quelques enseignants actuels sont de ceux qui ont commencé à enseigner durant la guerre, et qui n’ont donc pas reçu de formation pédagogique et didactique à proprement parler…

Au Salvador, les enfants commencent l’école à l’âge de 5 ans. Les plus jeunes vont à l’école le matin, et les plus grands l’après-midi. L’école est gratuite, et les enfants inscrits reçoivent un uniforme au début de l’année.

Pour différentes raisons, plusieurs enfants au Salvador ne sont pas scolarisés, ou n’assistent pas régulièrement à l’école : Les conditions économiques de certaines familles sont parfois extrêmement basses, et les familles préfèrent alors souvent envoyer les enfants aider dans le travail aux champs, plutôt qu’à l’école. De nombreuses structures familiales sont très fragiles, l’un des parents (le plus souvent la mère) élevant seul les enfants, ou alors les parents ont émigrés aux Etats-Unis, laissant ainsi les enfants aux soins des grands parents, d’un oncle ou d’une tante. Dans certaines régions du Salvador, la violence est très forte, lié aux gangs, ce qui rend également compliqué l’accès à l’école. Certains villages des zones rurales ne disposent pas d’une école, ou alors il s’agit d’une école à degrés multiples, accueillant principalement les petits degrés, ce qui rend difficile l’accès, ou ne permet pas aux enfants de terminer leur scolarité. Les élèves peuvent parfois être jusqu’à 40 dans une classe…

C’est donc d’abord dans ce contexte que s’inscrit l’inclusion scolaire des enfants et des jeunes en situation de handicap !

Plusieurs enseignants sont très réticents et expriment beaucoup de craintes lorsqu’il s’agit d’accueillir dans leur classe un enfant ou un jeune en situation de handicap… Ils demandent également parfois à une personne (le plus souvent la Maman, ou la personne qui s’occupe le plus de l’enfant) de rester dans la classe avec l’enfant pendant le temps scolaire, ce qui n’est pas non plus l’idée de l’inclusion scolaire...

Dans le département de Chalatenango, il y a une école spécialisée, qui se trouve dans la ville de Chalatenango. Mais selon la communauté d’où l’ont vient, le trajet peut être long, et compliqué selon le moyen de transport à disposition, et encore plus compliqué si l’enfant ou le jeune est en fauteuil roulant… Et comme le défend l’association Los Angelitos, dans la société et dans le quotidien, nous vivons tous ensemble, et non pas les personnes en situation de handicap uniquement avec d’autres personnes en situation de handicap… Pourquoi en serait-il ainsi à l’école ?

Il y a encore un grand travail de sensibilisation à faire sur le thème de la diversité et de la différence, tant auprès des jeunes que des adultes. Plusieurs enfants subissent parfois des moqueries, se font embêter verbalement et physiquement par les camarades… Ou une enseignante qui exprime lors d’une réunion parent/enseignant/Los Angelitos : « Grâce à Dieu je n’avais jusque là jamais eu à travailler dans ma classe avec des enfants comme ça, mais bon, cette fois c’est mon tour ». Ou encore des adultes pleins de bonne volonté, mais avec des propos stigmatisant, tels que : « On porte dans notre cœur les enfants spéciaux »…

Toutes ces raisons font que beaucoup de familles d’enfants ou de jeunes en situation de handicap en âge scolaire, se découragent d’envoyer leur enfant à l’école.

La lutte pour les droits des personnes en situation de handicap et pour l’inclusion scolaire est un défi de chaque jour !

Voici une petite anecdote qui illustre un peu ces défis…

Nous rencontrions pour la 2ème fois le directeur et les 3 enseignants de Brayan, un jeune avec une infirmité motrice cérébrale, qui est en fauteuil roulant. Brayan ne peut pas parler, mais il comprend tout, et il est donc possible de communiquer avec lui par des questions fermées (pour lesquelles il peut répondre par oui ou non, avec un mouvement de tête par exemple). Les enseignants montrent beaucoup de réticence, et ont très peur d’accueillir ce jeune, disant ne pas savoir comme faire. Lors de la période d’inscription au mois de décembre, l’enseignant avait renvoyé la Maman à la maison, lui disant de bien réfléchir si elle souhaitait réellement inscrire son fils à l’école cette année, puisqu’il y allait avoir 40 élèves dans la classe, et qu’il serait donc difficile de prendre du temps pour Brayan. Lors de la première réunion que nous avons eue, le directeur et l’un des enseignants ont dit que pour les jeunes comme Brayan, la place était dans les écoles spécialisées...

Lors de la deuxième réunion, l’un des enseignants dit qu’ils ne sont pas formés pour accueillir un jeune comme Brayan dans leur classe… Nous proposons aux enseignants d’essayer d’apprendre à connaître Brayan avant tout, d’apprendre à communiquer avec lui, de le voir comme un élève de la classe et un jeune, et non comme un « handicapé », en rappelant au passage à l’un des enseignants qui dit qu’il va chercher des informations sur la maladie de Brayan, que ce n’est pas une maladie, et que Brayan ne se résume pas à toutes les informations qu’il pourrait trouver sur l’infirmité motrice cérébrale (même si c’est toujours bien de vouloir se renseigner !)… De même, dans une classe tous les enfants sont différents, aucun n’apprend de la même manière, chacun a ses forces et ses difficultés, l’enseignant a la tâche de s’adapter à chacun, qu’il ait ou non un handicap !

En sortant de la réunion (donc sans les enseignants), la Maman de Brayan nous dit, très calmement et avec beaucoup de sérénité : « Moi non plus je n’était pas préparée et n’ai pas reçu de formation pour accueillir un enfant avec un handicap ! » Ces quelques mots ont été prononcés avec une telle simplicité de la part de cette Maman, suite à ces moments sûrement difficiles pour elle, d’entendre ces enseignants parler avec tant de réticence d’accueillir son fils dans leur classe…

Finalement, les plus grandes barrières auxquelles l’inclusion scolaire se confronte sont surtout les peurs et les méconnaissances, et en tant qu’enseignant, la peur de devoir faire autrement et de ne pas savoir comment faire… Pour faire face à ses peurs, l’humain construit souvent des barrières pour se protéger, oubliant d’aller à la rencontre de l’autre, et de s’enrichir grâce à la diversité !

Si plusieurs barrières subsistent, beaucoup de belles choses se passent aussi ! Des enseignants très motivés, donnant le maximum afin d’accueillir toute la diversité des enfants dans leur classe, et de donner une chance à chacun !

En avant vers une société plus inclusive, dans laquelle chacun peut trouver sa place, et où la diversité est une richesse ;-)

La diversité: "Question d'attitude, habilités différentes, Notre force!"

Et un peu d'humour ;-)


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